Mon avion en flammes mon château inondé de vin du
Rhin
mon ghetto d’iris noir mon oreille de cristal
mon rocher dévalant la falaise pour écraser le garde
champêtre
mon escargot d’opale mon moustique d’air
mon édredon de paradisiers ma chevelure d’écume
noire
mon tombeau éclaté ma pluie de sauterelles rouges
mon île volante mon raisin de turquoise
ma collision d’autos folles et prudentes ma plate-bande
sauvage
mon pistil de pissenlit projeté dans mon oeil
mon oignon de tulipe dans le cerveau
ma gazelle égarée dans un cinéma des boulevards
ma cassette de soleil mon fruit de volcan
mon rire d’étang caché où vont se noyer les prophètes
distraits
mon inondation de cassis mon papillon de morille
ma cascade bleue comme une lame de fond qui fait le
printemps
mon revolver de corail dont la bouche m’attire comme
l’oeil d’un puits
scintillant
glacé comme le miroir où tu contemples la fuite des
oiseaux-mouches de ton regard
perdu dans une exposition de blanc encadrée de
momies
je t’aime
- Après une première lecture du poème, quelles images vous restent avec le plus de force ?
- Vous attendiez-vous au dernier vers ? Pourquoi ?
- Comment réagissez-vous face à ce poème surréaliste ? Que ressentez-vous ?
- Travaillez votre récitation : La succession d’images en cascade sans liens apparents entre elles complique l’apprentissage par cœur de ce texte. Créez un chemin imaginaire dans votre tête qui vous permettra de voir et de dire chaque image au bon moment.
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Tentez une expérience de création littéraire :
L’écriture automatique. Suivez les indications d’André Breton : « Placez-vous dans l’état le plus passif, ou réceptif, que vous pourrez. Faites abstraction de votre génie, de vos talents et de ceux de tous les autres... Écrivez vite sans sujet préconçu, assez vite pour ne pas retenir et ne pas être tenté de vous relire. »
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Écoutez un entretien avec Benjamin Péret.
Benjamin Péret, « Allô », Œuvres complètes (Poésie), Paris, Éric Losfeld, 1969-1971.